Géopolitique internationale: le rapprochement entre Israël et certains pays arabes pourrait ouvrir un autre front au Proche-Orient !

C'est sans doute le plus grand revirement diplomatique du 21e siècle. La normalisation des relations diplomatiques entre l'État hébreu et certaines monarchies du golfe, sonne comme un véritable coup de trahison au Proche-Orient, notamment du coté des palestiniens. Ce qui n'est pas perçu de la même manière de l'autre coté de l'Atlantique.

Pour rappel, les Émirats arabes unis et le Royaume de Bahreïn ont décidé de normaliser leurs relations diplomatiques avec Israël. Une décision qui impressionne et suscite des interrogations dans tous les sens. La raison de ces interrogations est simple, très simple, d'autant plus que ces deux monarchies du golfe ont finalement fait volte-face au peuple palestinien.

Oui, le qualificatif "volte-face" a tout son sens dans ce jeu stratégique, car en effet, tous les pays arabes, à l'exception de l'Égypte et de la Jordanie, avaient conditionné leur rapprochement avec l'État juif d'Israël à l'arrêt définitif de l'occupation israélienne des territoires palestiniens et à la création suivie d'une reconnaissance internationale d'un État palestinien libre et indépendant. Mais hélas, désormais cette normalisation intervient, alors qu'aucune de ces conditions préalablement posées n'a été obtenue de gré ou de force.

L'autre raison de l'inquiétude posée, réside dans le cadre qui a conduit à la signature d'un tel accord, sous l'égide des États-Unis. Un pays qui soutient l'État hébreu dans toutes ses dérives vis à vis du peuple palestinien, et en plus, Washington n'a jamais caché son hostilité à toute idée relative à la reconnaissance d'un État palestinien indépendant.

Ceci est largement suffisant pour donner raison au peuple palestinien qui, depuis le début de ces négociations, n'a jamais cessé de crier à la trahison de ses frères arabes. Aujourd'hui, après tous les crimes organisés par Israël contre les palestiniens, après toutes les terres volées et occupées par cet État juif, les palestiniens se retrouvent abandonnés à la rusée du monde, sans aucun soutien fiable et sans aucune perspective qui permet de faire renaître l'espoir.

Cette trahison se justifie par le fait qu'en aucun cas, les conclusions de ces accords signés n'ont souligné l'arrêt de l'occupation israélienne sur les territoires palestiniens, encore moins de l'idée d'une quelconque reconnaissance d'un État palestinien libre et indépendante. Sans pour autant regretter les décennies de crimes commis par l'État hébreu sur les palestiniens, depuis 1948, année de création de l'État d'Israël sur les terres arabes palestiniennes.

Raison pour laquelle, l'on pourrait bien évidemment, en toute vérité et en toute logique, s'interroger sur le bien-fondé d'un tel rapprochement et avec une telle vitesse d'éclair, étant donné que celui-ci intervient surtout à un moment où Israël envisageait déjà l'annexion d'une partie de la Cisjordanie. Et ce, en violation de toutes les résolutions internationales signées et validées par les Nations-Unies.

Que se cache-t-il derrière ce rapprochement ? Et quelle est sa portée géostratégique ?

Cette question mérite bien une réflexion approfondie. Dans la mesure où ces accords ont été signes à la maison blanche, sous l'égide d'un Donald Trump qui, depuis son élection, a pris le contre-pieds des résolutions internationales, garantissant une certaine stabilité régionale et même mondiale.

Pour rappel, il a été le premier à violer la résolution des Nations-Unies sur la ville de Jérusalem, en admettant tout le droit de l'État hébreu sur cette cité symbolique. Il a remis également en cause plusieurs autres accords et traités internationaux avec le reste du monde, parmi lesquels, nous pouvons citer: l'accord interne sur le nucléaire iranien et l'accord de Paris sur le climat, pour ne citer que ceux là.

Pour revenir maintenant aux coulisses de cette prétendue normalisation diplomatique entre l'État hébreu et le monde arabe, il convient de reconnaître cette nouvelle stratégie de Washington et de ses alliés du golfe s'inscrit bien dans une logique visant à isoler l'Iran dans la région. Les derniers discours prononcés par certains dirigeants du monde arabe laissaient entendre que l'ennemi commun d'aujourd'hui s'appelle l'Iran et non Israël.

Raison pour laquelle, ces États qui veulent à tout prix limiter l'influence de l'Iran dans la région ont, semble-t-il, opté pour une nouvelle stratégie. Celle qui consiste à créer une large coalition composée des grands ennemis d'Iran, comme Israël et les États-Unis, pour se préparer à toutes les options contre la grande rivale chiite du Moyen-Orient.

Un telle stratégie pourrait être efficace, en ce qui concerne la guerre économique et diplomatique, mais pas pour un conflit armé ouvert, d'autant plus que ni les États-Unis, encore moins Israël, ne semble avoir un intérêt en déclenchant une guerre armée contre l'Iran. Au delà des conséquences désastreuses que pourrait avoir un tel conflit, le soutien des alliés iraniens comme la Russie et la Chine, pourrait aussi élargir le conflit au niveau mondial.

Par ailleurs, l'autre ambition cachée dans cette stratégie de Washington, c'est d'exclure indirectement les Européens de toute influence au Moyen-Orient dans les années à venir. Et sur ce point, les États-Unis semblent bien réussir leur pari, dans la mesure où le retrait de Donald Trump de l'accord sur le nucléaire iranien, visait en grande partie l'intérêt des entreprises européennes dans le marché pétrolier et gazier de l'Iran. Raison pour laquelle, certains observateurs estiment que Washington joue une double stratégie dans sa soi-disant mission de médiation au Proche-Orient.

Mamadou Moussa Diallo, Infosreelles.com

+224 620 36 35 35

 

 

 

 

 


Print