Géopolitique internationale: l'escalade dangereuse entre Paris et Ankara menace l'unité de l'OTAN !

Ce n'est plus qu'un secret de polichinelle, l'unité de l'OTAN n'existe plus comme on le fait croire. Les tensions récurrentes entre la France et la Turquie au tour de la situation conflictuelle en Libye créent le sentiment de haine entre les deux pays, tous membres de l'organisation. Désormais, c'est l'escalade diplomatique et militaire qui caractérise leurs relations.

Tout est parti d'un incident militaire survenu la semaine dernière en méditerranée entre deux navires de guerre appartenant aux deux pays. La France a, par la suite, accusé la Turquie d'avoir menacé son navire qui participe à une opération de surveillance des cotes libyennes pour empêcher toute livraison d'armes aux deux camps protagonistes, et ce, conformément à l'embargo international imposé par les Nations-Unies.

Plus loin, pour marquer son indignation face à l'attitude de la Turquie, Paris a annoncé cette semaine son retrait de cette opération de l'OTAN en méditerranée. En outre, le président français Emmanuel Macron a demandé à ses alliés de l'Alliance atlantique de prendre des sanctions disciplinaires contre Ankara qui aurait violé l'embargo sur les armes en Libye.

En effet, d'après Paris, la Turquie joue un jeu dangereux en Libye en déployant des combattants djihadistes venus de la Syrie. Chose qui, selon le chef de l'État français, menace la sécurité des Européens ainsi que de toute la région du Maghreb, où se situe la Libye.

Mais comme il fallait s'y attendre, la réponse de la Turquie a été sans ambiguïté. Le président Erdogan a, de son coté, accusé la France de faciliter la présence militaire de la Russie en Libye. Connaissent la nature des relations entre Moscou et l'OTAN, la Turquie estime que les forces russes déployées dans la région constituent la plus grande menace pour les Européens surtout.

Que se cache-t-il derrière cette escalade militaire et diplomatique ?

À analyser toutes ces bisbilles, l'on se rend bien compte que ni la France encore moins la Turquie, ne semble défendre l'idée d'une stabilité de la Libye. Chaque pays cherche plutôt à préserver ses intérêts stratégiques, tant sur le plan militaire, diplomatique que celui économique. L'intervention turque au près du gouvernement de Tripoli ne vise qu'à défendre un allié qui facilitera l'accès de la Turquie aux champs pétroliers libyens.

Une ambition que Paris aussi semble bien viser depuis longtemps, mais tout en essayant de trouver des raccourcis pour y parvenir. Mais à l'allure où les choses évoluent sur le terrain, la France a compris que la présence de la Turquie sur le terrain risque bien de compliquer ses ambitions dans l'avenir. D'où l'origine de la colère exprimée par Paris ces derniers temps contre Ankara.

Ces tensions récurrentes pourraient aussi se transformer en affrontement indirect entre Paris, Moscou et Ankara. Ce qui fera de la Libye un nouveau champ de bataille entre ces grandes puissances, comme elles en ont fait en Syrie depuis près de 10 ans maintenant.

Mais l'autre particularité pour la Libye, c'est le désaccord persistant entre deux pays membres de l'OTAN, et surtout avec le silence remarquable des autres pays membres, notamment les États-Unis qui restent le principal bailleur de fonds de l'Alliance atlantique. Ces querelles internes risquent d'affaiblir l'Alliance, car chaque pays cherche à défendre ses intérêts, même s'il faut marcher sur les principes qui régissent leur Alliance en matière de sécurité.

Chose qui fera sans doute l'affaire de la Russie, car Moscou de son coté, n'a jamais caché son soutien total au camp du maréchal Aftar. Plusieurs mercenaires russes seraient actuellement déployés sur le terrain pour appuyer l'homme fort de l'est. En plus de la Russie, le maréchal bénéficie aussi du soutien de l'Égypte voisine, dont le président Al-Sissi a récemment menacé d'intervenir directement si toutefois, le camp de Tripoli s'approchait de la ville symbolique de Syrte.

Histoire encore de rappeler que les bisbilles entre Paris et Ankara risquent de faciliter le jeu stratégique des partisans de Aftar, parmi lesquels il y'a la Russie qui, sur tous les plans, ne conjuguent jamais le même verbe avec les pays membres de l'OTAN, dont la France en première ligne. Ce qui signifie désormais, que la France fait face à un double obstacle dans cette crise libyenne.

Reste maintenant à savoir si l'OTAN tranchera entre Paris et Ankara dans cette escalade qui ne fait que s'enliser du jour au lendemain. Mais une telle éventualité ne semble point être à l'ordre du jour, d'autant plus que les États-Unis de Donald Trump affichent toujours une position d'ambiguïté sur cette crise libyenne. Jusqu'à ce jour, Washington n'a pas défini sa véritable position entre le camp du gouvernement d'union nationale de Tripoli et celui du maréchal Khalifa Aftar, qui contrôle une bonne partie des provinces de l'Est.

Mamadou Moussa Diallo, Infosreelles.com

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