Guinée/Crise interne à la CENI: l'appel surprenant de Bah Oury aux commissaires qui ont rejeté le chronogramme des élections !

Conakry-Depuis quelques jours, rien ne va plus au sein de la commission électorale nationale indépendante CENI. Pour cause, plusieurs commissaires ont rejeté cette semaine le nouveau chronogramme proposé par le président de l'institution Cabinet Cissé, portant sur l'organisation de la prochaine élection présidentielle prévue au mois d'octobre.

C'est à travers une déclaration signée que ces commissaires ont annoncé leur retrait du processus électoral en cours. Ainsi, dès après la publication de ladite déclaration, la classe politique guinéenne a commencé à réagir sur le sujet, qui fait déjà polémique dans la cité. C'est dans ce sens que l'ancien vice président de l'UFDG a réagi sur le sujet ce jeudi 09 juillet 2020.

Voici l'intégralité de la déclaration de Bah Oury, ancien président du parti UDD !

J’aurais voulu que dès le début, lorsque la CENI a fait un communiqué pour indiquer qu’à l’unanimité les commissaires de cette institution se sont accordés sur la proposition de la date du 18 octobre, que la dénonciation de ce fait se fasse immédiatement. Ça c’était fait le 20 juin.

Presque trois semaines après, il y a cette décision que je salue, que je loue et que je considère comme tout à fait respectable des commissaires qui ont marqué leur défiance par rapport à ce chronogramme. Et j’ai lu leur déclaration, il y a des aspects pertinents qui montrent le trou bayant qui existe, la volonté de faire une élection crédible, transparente, notamment en ce qui concerne le fichier électoral et ce qui existe à l’heure actuelle.

J’exhorte les commissaires à aller jusqu’au fond. Il faut qu’on tranche les problèmes de manière définitive. Cette CENI, collectivement, elle ne peut pas se soustraire à sa responsabilité vis-à-vis du pays tout entier. Et demain, on ne pourra pas dire c’est tel ou tel commissaire qui avait fait ceci-ci ou qui n’avait pas fait cela. Donc ce que je demande, c’est qu’il y ait de la cohérence, qu’il y ait de la responsabilité, et qu’il y ait aussi la possibilité de trancher définitivement les problèmes.

Une institution qui ne fonctionne pas telle que sa mission originelle, ceux qui marquent leur défiance vis-à-vis de cette institution doivent en tirer toutes les conséquences politiques qui s’imposent, pour ne pas être éclaboussés et discrédités pour l’avenir. On ne peut pas faire vivre quelque chose qui est en train de ruiner la paix et la stabilité de la Guinée. Et la CENI a contribué à permettre au pouvoir en place d’organiser le 22 mars avec toutes les conséquences tragiques et politiques que ça a amené dans notre pays. Donc, il ne faudrait pas que cela puisse continuer.

Donc, je demande à ces commissaires de redoubler encore d’efforts. Il faut trancher le cordon ombilical avec l’attitude qui consiste à dire ‘’j’y suis, j’y reste ; mais, je ne suis pas d’accord’’. A partir d’un certain moment, cette attitude ne peut plus être de mise. La situation est suffisamment grave, il faut trancher le cordon ombilical avec une CENI qui ne respecte pas les aspirations démocratiques et la volonté d’aller dans le sens d’une organisation transparente, crédible, acceptable par tous, pour nous permettre d’aller dans le sens de la construction de notre pays.

Bah Oury, ancien ministre de la réconciliation nationale