Diplomatie: que se cache derrière la visite du vice président malien de la transition en Guinée ?

Auteur du coup d'État qui a renversé IBK il y'a cinq mois de cela, le vice président malien de la transition a bel et bien eu un tête à tête à Conakry avec Alpha Condé cette semaine. Accueilli à l'aéroport international de Gbessia par le ministre de la défense nationale, le colonel Assimi Goïta a été introduit au palais Sekhoutoureah quelques temps après.

Devant le chef de l'État guinéen, l'officier malien a laissé entendre que sa visite n'est rien d'autre qu'une mission de travail et d'amitié entre Conakry et Bamako, deux pays frontaliers, partageant des valeurs communes sur le plan historique et social. Tel est l'essentiel du message que le numéro 2 de la transition malienne a réitéré devant Alpha Condé.

"La Guinée et le Mali, ce sont deux pays frères et nous allons toujours œuvrer ensemble sur le plan de la sécurité, sur le plan social et économique. C’est réellement une satisfaction pour moi d’être en Guinée car j'ai des camarades de promotion ici. La Guinée et le Mali c’est la même population, c’est la même société. Je me réjouis d’être ici".

Toutefois, au delà de son aspect diplomatique, cette visite semble bien être la résultante d'un changement intervenu ces derniers temps dans les relations entre le pouvoir d'Alpha Condé et les autorités de la transition malienne. D'autant plus que l'actuel locataire du palais Sekhoutoureah, n'a jamais caché son indignation suite au renversement du pouvoir de son ami de l'international socialiste, Ibrahim Boubacar keita.

Durant les mois de crises qui ont précédé le pusth du 19 Août dernier, Alpha Condé a toujours plaidé pour le maintien d'IBK aux affaires. Alors que ce dernier était en perte de légitimité totale, face à la crise qui secouait son pays, notamment au nord où les extrémistes sèment le chaos et la terreur en toute liberté.

Ce qui laisse croire que la visite du colonel Assimi Goïta s'inscrit dans le cadre d'un rétablissement des relations déjà coupées entre Conakry et Bamako depuis le coup d'État. Chose qui semble être indispensable à ce jour pour Alpha Condé, dans la mesure où il reste décrié au près de trois pays frontaliers de la Guinée, à savoir le Sénégal, la Guinée Bussao et la Sierre Léone. Cela s'explique par la fermeture prolongée des frontières entre la Guinée et ces trois pays depuis la veille de l'élection présidentielle du 18 Octobre dernier.

Face à cette situation donc, il n'a aucun intérêt lui, Alpha Condé, à couper tous les liens avec le mali aussi. Cela pourrait être fatal pour lui, surtout quand on sait que le mali fait frontière avec son fief traditionnel qui est la région de la Haute Guinée. Perdre la confiance des autorités de la transition malienne, signifie pour lui, un autre isolément diplomatique qu'il ne pourra point surmonter face à la contestation interne et externe, dont son pouvoir subit à ce jour, après le passage de son projet controversé de troisième mandat.

Reste maintenant à savoir si le pouvoir de Bamako va renouer avec les bonnes relations qui ont toujours existé entre le régime de Condé et celui de IBK pendant près de dix ans. De toutes les façons, rien ne semble être comme avant dans ce sens, et rien ne garantit aussi que les choses seront comme avant dans les relations entre les deux pays. Tout dépendre de la nature du pouvoir qui s'installera à Bamako après la transition qui est en cours.

Mamadou Moussa Diallo, Infosreelles.com

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