République du Mali: le président IBK vit-il ses derniers jours à la tête du pays ?

Bamako-Contesté et toujours contesté, le président Ibrahima Boubacar Keïta traverse actuellement ses pires moments de crise à la tête du Mali. Jamais dans l'histoire de sa gouvernance, des manifestants n'avaient réclamé son départ du pouvoir, lui et son gouvernement. C'est désormais chose faite depuis ce vendredi 05 juin 2020.

En effet, après l'enlèvement de son principal opposant par des extrémistes terroristes suivi de l'organisation des élections législatives dans une période marquée par la crise sanitaire liée au coronavirus, IBK a, semble t-il, rêvé de somnoler longtemps au pouvoir. Car estimant dans l'immédiat, qu'il détient désormais seul les clés de la situation intégrale du pays.

Il faut noter cependant, avec la grandiose marche historique de ce vendredi, il se rend compte au même titre que les observateurs les plus avertis, que son pouvoir est d'autant fragile et vulnérable, qu'il semble se diriger en fin vers l'agonie ou le déclin final. Ces milliers et de milliers de manifestants qui sont descendus dans les rues de la capitale Bamako, à l'appel de plusieurs coalitions politiques et de la société civile, dont l'ex président du tout puissant haut conseil islamique du Mali, ne doivent pas être minimisés.

Cela témoigne deux choses: tout d'abord l'accumulation des frustrations au sein d'une population déjà assombrie par les attaques terroristes au nord, mais également et surtout, le début d'une nouvelle ère de lutte dans le pays, pour exiger plus de responsabilité des gouvernants envers les populations locales.

C'est justement une nouvelle ère de lutte qui commence au Mali, car en effet, l'arrivée du puissant et redoutable imam Mahmoud Dicko dans le combat politique, pourrait bien évidemment changer le cours des événements. De par sa légitimité très élevée au sein de la population, il semble constituer le nouvel espoir à ce jour pour les citoyens qui, à vrai dire, n'avaient jamais baissé les bras, mais ils attendaient tout simplement un leader pour les conduire dans le combat afin d'obtenir un résultat fiable.

Ce leader pourrait bien être l'imam Dicko, qui n'a cessé de réitérer son appel ferme pour le départ du président IBK. Ce discours a toujours été celui voulu et souhaité par la majorité de la population malienne ces derniers temps, dans la mesure où, celui qui revendique toujours un long combat politique avant d'être au pouvoir, a négativement transformé la vie de ses concitoyens, tant sur le plan sécuritaire que celui humanitaire.

Au delà de l'incapacité de son gouvernement de ramener la paix et la sécurité dans les régions du Nord, IBK a aussi été incapable d'améliorer les conditions de vie des habitants du Sud qui, au moins, restent épargnés plus ou moins des attaques terroristes. À tout cela, s'ajoute également la crise institutionnelle qui mine le pays à l'image de la Guinée voisine. Une crise enflammée par l'arrivée de ce visiteur imprévu et indésiré, qu'on appelle communes le coronavirus.

Toutes ces crises multiples ne pouvaient laisser IBK conduire le pays sans conséquences parfois inattendues. Car une population pauvre, affamée et souffrante, n'a d'autre choix que de se donner rendez-vous dans la rue pour se faire entendre. Mais par ailleurs, dans la plupart des pays où cette stratégie a été employée par le peuple, les dirigeants ont fini par prendre la poudre d'escampette. C'est pourquoi, il est important pour les dirigeants d'être à l'écoute du peuple avant que celui-ci ne décide de se faire entendre autrement. Car si un dictateur dure au pouvoir, c'est parce qu'il n'y a eu personne pour l'arrêter.

Mamadou Moussa Diallo, Infosreelles.com

+224 620 36 35 35

 

 


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