RD-Congo: que se cache-t-il derrière la condamnation de Vital Kamerhe ?

Kinshasa-Contrairement à ce que certains pouvaient s'attendre, le directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi a été finalement condamné par le juge du tribunal de Kinshasa. C'est une première dans ce pays de voir un tel cadre proche du chef de l'État écoper d'une telle condamnation et pour une affaire aussi légère de détournement de fonds publics.

Désormais, l'ancien allié stratégique de Félix Tshisekedi à la présidentielle de 2019 va passer une bonne partie de sa carrière politique derrière les barreaux, car 20 ans de prison ce n'est pas 20 jours encore 20 mois. Et ce n'est pas tout, cette condamnation inattendue le prive aussi d'un droit fondamental, celui d'être candidat pour les prochaines élections à venir, pendant toute une décennie.

Ceci est largement suffisant pour Vital Kamerhe de s'interroger aujourd'hui sur le bien-fondé de son alliance avec l'UDPS de Félix Tshisekedi, dont le deal politique prévoyait un retournement de l'assesseur en sa faveur après les deux mandats de l'actuel homme fort du pays. Sauf une décision de son allié président, Vital Kamerhe voit aujourd'hui ce rêve voler en éclat, d'autant plus que la justice l'empêche désormais de prendre part aux prochaines compétitions électorales.

Est-ce une manœuvre du pouvoir pour le mettre en congé ?

Même si on peut porter des réserves pour répondre à cette question, tout porte à croire que Félix Tshisekedi a utilisé la justice pour éliminer politiquement son allié. L'on est plus proche d'une telle hypothèse, d'autant plus que tout au long du procès, le pouvoir central a observé un silence de cimetière dans cette affaire.

L'argument selon lequel l'exécutif ne doit pas s'interférer dans les affaires de la justice est toujours brandi, mais pour la plupart des cas, surtout dans nos États africains, celui-ci est brandi lorsque l'on vise à éliminer politiquement un adversaire devenu encombrant ou pressenti être encombrant dans l'avenir. 

Donc, à analyser le déroulement de ce procès, de son début jusqu'au jour où le verdict final a été prononcé, l'on pourrait être tenté d'en faire une comparaison dans ce sens, surtout d'ailleurs quand l'affaire pour laquelle il a été poursuivi, a éclaté au niveau de la présidence de la République, où il occupait une fonction importante de directeur de cabinet du président.

L'autre raison qui amène à susciter des interrogations dans ce procès, c'est le fait qu'aucun ancien dignitaire du régime de Josèph Kabila n'ait été poursuivi jusqu'à présence. Ni pour des cas de détournements encore moins pour des crimes commis durant la gouvernance de Kabila. Ce qui semble dire que Vital Kamerhe, même si c'est avéré qu'il a détourné où cautionné le détournement des 48 millions de dollars dont on le reproche, il serait tout simplement un élément dans un tout. Car en effet, si la justice ouvre les dossiers classés de l'ancien régime, plusieurs cas similaires seront dévoilés.

En attendant peut-être une éventuelle grâce venant de son mentor, Kamerhe restera en prison. Et l'histoire retiendra que pour la première fois, le chef de cabinet d'un président de la République a été condamné à une lourde peine de prison en RDC, après avoir été reconnu coupable d'un détournement de fonds publics. De tout ce que l'on pourrait dire, la justice congolaise, à travers ce procès, a soigné aujourd'hui son image à l'international.

Mamadou moussa Diallo, Infosreelles.com

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