Crise politique au Mali: la mission de la CEDEAO confrontée à la fermeté du mouvement M5 !

Bamako-À moins d'une semaine, deux missions importantes de la CEDEAO se sont rendues au Mali pour tenter de sauver la paix dans le pays. La première qui a fait tout son possible est finalement répartie sans parvenir à un accord ; ce qui a obligé l'organisation sous régionale d'y envoyer une seconde mission composée cette fois-ci des chefs d'États.

Il s'agit du président en exercice de la CEDEAO, Mohamadou Issoufou du Niger, du sénégalais Macky Sall, de l'Ivoirien Alassane Ouattara, du Nigérian Mamadu Buhari et du Ghanéen Akouffo Addo. Ces cinq chefs d'États ont été reçus ce jeudi 23 juillet 2020 à Bamako, par les protagonistes de la crise actuelle qui secoue le Mali depuis le mois de juin dernier.

Mais il faut notre cependant, que les entretiens n'ont pas pour l'instant produit un résultat significatif, d'autant plus que le mouvement du M5 dirigé par l'imam Mahmoud Dicko reste catégorique sur sa principale revendication, à savoir le départ du président IBK du pouvoir. Chose qui, à la fois, complique la tâche pour les négociateurs et pour le pouvoir de Bamako.

Tout semble basculé après la répression sanglante de la dernière manifestation du mouvement M5 ; une répression qui avait fait une dizaine de morts à Bamako, avec l'arrestation aussi de certains leaders membres du M5. Avant cette répression, les opposants avaient déjà renoncé à leur revendication relative au départ du chef de l'État. Mais désormais, celle-ci semble être non négociation pour sortir de la crise.

En tout cas, c'est ce qu'on peut retenir de la dernière sortie médiatique de l'imam Mahmoud Dicko, après s'être entretenu avec la délégation de la CEDEAO dans la journée. Ce chef religieux, très influent dans le pays, affiche une fermeté sans faille désormais. En affirmant que "le peuple malien est un peuple debout et que les morts de la semaine dernière ne sont pas mort pour rien, pas question de trahir leur mémoire", l'ancien président du haut conseil islamique du Mali apporte ainsi une réponse claire à la mission de la CEDEAO, pour lui faire comprendre qu'il n'est plus question pour le M5 de reculer un seul pas.

Quelle marge de manœuvre pour la CEDEAO ?

Bien qu'elle soit difficile et même complexe à l'heure actuelle, mais la mission des chefs d'États pourrait bien évident parvenir à un accord, si toutefois les revendications du peuple sont prises en compte dans cette crise qui continue de s'enliser du jour au lendemain. Même le président en exercice de la CEDEAO semble garder l'espoir, en attendant la réunion de l'organisation prévue le lundi 27 juillet prochain.

Toutefois, les choses pourraient se compliquer dans cette médiation, d'autant plus que certains présidents affichent un soutien total à IBK, quoi qu'il arrive. C'est le cas du président guinéen Alpha Condé, dont certains opposants maliens l'accusent même d'avoir déployé un contingent militaire à Bamako pour réprimer la manifestation.

Mais au delà d'Alpha Condé, l'Ivoirien Alassane Ouattara semble aussi soutenir le camp du président IBK, surtout quand on sait que lui aussi il est confronté actuellement à un défi majeur pour sa succession à la tête de son pays, après la mort de son dauphin, Amadou Gon Coulibaly.

Mais toujours est-il que, la CEDEAO est appelée aujourd'hui à sauver ce pays, au risque de voir cette crise se transporter dans les pays voisins, où la situation sociopolitique reste encore confuse à la veille des rendez-vous électoraux majeurs. C'est le cas de la Guinée et de la Côte-d'Ivoire, où l'incertitude règne encore sur les velléités des présidents sortants qui nourrissent le rêve de briguer un troisième mandat.

C'est ainsi, le cas particulier du Mali préoccupe tout le monde, y compris les occidentaux qui ont déployé des forces armées dans le pays pour combattre les terroristes. Ce qui nécessite une situation stable au sommet de l'État, à défaut de voir le pays basculer encore dans le chaos de 2012, année à laquelle le président Amadou Toumany Touré a été renversé par un coup d'État militaire.

Par ailleurs, connaissant donc les circonstances de son élection à la tête du pays, le président IBK doit faire le choix entre son pourvoir et son sort personnel. Car en effet, vue la situation chaotique que le pays traverse à l'heure actuelle, il ne pourra en aucun cas tenir tête à une contestation populaire, comme celle qui le défie en ce moment. Raison pour la quelle, la CEDEAO doit aller droite au but pour lui dire les quatre vérités afin de sauver la paix dans ce pays fortement menacé de dementellement géographique.

Mamadou Moussa Diallo, Infosreelles.com

+224 620 36 35 35

 

 


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