Coup d'État au Niger: en dépit des menaces de la CEDEAO, la junte au pouvoir bénéficie d'une adhésion populaire - Infosreelles.com
Après le coup d'État qui a reversé le président Bazoume il y'a quelques jours, les nouvelles autorités de la transition au Niger ont fait leur première démonstration de force ce jeudi 03 Août 2023 à Niamey. C'était à l'occasion de la célébration du 63e anniversaire de l'indépendance du pays. Le nouvel homme fort du pays, le général Tchiani a été acclamé par une foule importante dans les rues de la capitale.
Plusieurs milliers de personnes sont descendues dans la rue pour réitérer leur soutien à la junte militaire au pouvoir et pour afficher leur hostilité à la présence militaire de la France au Niger. Devant la représentation diplomatique de la France à Niamey, les manifestants ont brûlé le drapeau français avec des pan cartes sur lesquelles ont pouvait lire: "A bas la France, à bas la CEDEAO et vive le CNSP".
Cette démonstration de force de la junte au pouvoir intervient dans un contexte très tendu avec l'organisation sous régionale, la CEDEAO, dont les dirigeants menacent d'y intervenir militairement si, toutefois, le président Mohamed Bazoume n'est rétabli dans ses fonctions d'ici le samedi soir.
C'est dans ce cadre que les chefs d'États majors des armées des 11 pays membres de l'organisation se sont réunis cette semaine à Abuja au Nigeria. D'après des informations révélées par certaines sources, la planification de cette opération militaire est déjà terminée. C'est le Nigeria qui pourrait prendre la tête en tant que pays voisin le plus proche du Niger et pays dont le président assure en ce moment la présidence de la CEDEAO.
Autres soutiens à la CEDEAO !
De l'autre coté, l'attitude de la France qui, à vrai dire ne veut plus perdre le Niger comme elle a perdu le Mali et le Burkina Faso, viserait aussi à d'apporter un soutien de taille à une éventuelle intervention militaire de la CEDEAO. Surtout quand on sait que deux grands médias français à savoir : Rfi et France 24 sont désormais suspendus au Niger par une décision de la junte.
Toujours dans le même sens, les opérations d'évacuation des citoyens français et des diplomates américains et britanniques en poste à Niamey, pourraient s'inscrire dans la même perspective visant à envahir le Niger dans les prochains jours. Histoire de rappeler que la France et ses alliés sont aussi déterminés à ne pas laisser le Niger échapper à leur contrôle, comme ce fut le cas du Mali et du Burkina Faso.
Attention aux conséquences désastreuses d'une action militaire !
Condamner le coup d'État est une chose. Mais le recours à la force contre les putschistes pourraient s'avérer plus désastreux que le coup d'État lui même, d'autant plus que le Niger est un pays qui se trouve à la croisée des chemins. Les menaces terroristes qui pèsent sur le pays méritent d'être prises très au sérieux par ceux qui sont tentés par une telle aventure.
Car en effet, il ne s'agit pas seulement de déloger les putschistes, mais de créer aussi les conditions d'une stabilité nationale et régionale après. Ce qui ne semble point être le soucis principal de ceux qui brandissent la menace de l'option militaire pour le moment. Alors qu'en réalité, une option militaire sans finalité pourrait entraîner le pays dans une phase de déstabilisation générale, comme la Libye l'a été en 2011.
Ce qui, dans l'avenir, pourrait servir les intérêts des extrémistes sans foi ni loi, dont le seul objectif est de faire régner le chaos et la terreur partout dans la sous région. Une telle situation d'ailleurs n'arrangera point les voisins du Niger, comme le Nigeria qui a du mal à se débarrasser de Boko Haram.
Donc, agir avec prudence et plus utile pour éviter d'aggraver une crise qui pourrait franchir les frontières du pays concerné, c'est à dire, le Niger. L'Algérie qui reste un grand voisin du Niger a prévenu d'ailleurs la CEDEAO des risques de déstabilisation régionale que pourrait engendrer une action militaire contre les putschistes au pouvoir actuellement à Niamey.
En attendant l'expiration de l'ultimatum de la CEDEAO, pour le moment c'est la diplomatie qui est aux manœuvres. Reste maintenant à savoir si celle-ci sera en mesure d'atteindre le but visé, c'est à dire, le retour à l'ordre constitutionnel au Niger.
Mamadou Moussa Diallo, Infosreelles.com
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