Côte d'Ivoire: Que se cache t-il derrière la condamnation de Guillaume Soro ?

Depuis ce mardi 28 avril 2020, le sort réservé à l'ancien premier ministre ivoirien est connu. Vingt (20) ans de prison ferme, près de 7 millions d'euros d'amendes et une confiscation de ses biens privés, sous prétexte que ceux-ci ont été acquis illégalement à travers l'argent de l'État.

Choses qui suffisent largement pour le président Alassane Ouattara d'assombrir l'avenir politique de son ancien protégé lors de la crise post électorale de 2010. Désormais Guillaume a toute une série d'obstacles devant lui à surmonter pour espérer une candidature à l'élection présidentielle d'octobre prochain.

Ce qui ne sera pas chose facile, d'autant plus que son ami d'hier, aujourd'hui devenu un ennemi politique, contrôle la totalité des institutions de la République, dont la justice en première ligne. Manipulée en sa guise, celle-ci devient l'arme fatale pour éliminer toujours le nouvel adversaire politique devenu à vrai dire, encombrant ces derniers temps.

L'objectif visé par une telle décision !

Au regard de bon nombre d'observateurs avertis, cette décision est tout sauf une surprise ; elle était plutôt attendue d'ici le mois d'octobre prochain. C'est le jour qui était inconnu du grand public ; car en effet, dans tous les pays africains où des compagnons politiques ont divorcé, le vainqueur s'est toujours servi de l'appareil judiciaire pour foutre son adversaire hors de la course pour la conquête du pouvoir.

Dans ce cas de figure, Alassane Ouattara n'a nullement dérobé à cette règle, il l'a plutôt appliquée à sa juste valeur politique. Comme nous pouvons constater d'ailleurs, le départ de Guillaume Soro à la tête de l'Assemblée nationale et le mandat d'arrêt qui a suivi, devraient forcément déboucher sur cette condamnation, malgré qu'il soit loin et très loin de la Côte-d'Ivoire. 

Ce qui reste claire de toutes façons, son absence n'allait rien changer dans l'objectif visé, car même s'il ne va pas purger sa peine en prison, mais le verdict annonçant sa condamnation sera brandi toujours comme un argument justificatif, bien fondé sur la forme, pour l'empêcher de se présenter à la présidentielle d'octobre prochain.

C'est sans doute la stratégie employée par le pouvoir de Ouattara pour éloigner l'ancien chef rebelle de la course pour la magistrature suprême de son pays ; alors que ce dernier avait déjà déclaré sa candidature il y'a fort longtemps. 

Il suffit juste d'analyser le déroulement du procès en quelques heures, surtout à l'absence des avocats de la défense qui, dans la volonté de décrédibiliser le procès par leur absence, ont plutôt joué et facilité la stratégie du pouvoir dans cette affaire. 

La preuve est simple, en moins de 5h d'audience, le verdict est tombé. Ce qui témoigne encore du caractère très très particulier de ce procès, car c'est l'une de rare fois d'assister à une telle rapidité dans une procédure judiciaire aussi longue et importante.

Quel avenir politique pour Guillaume Soro ?

C'est la question qui reste pour l'instant sans réponse claire, y compris dans la bouche du principal concerné lui même. Même s'il a réitéré sa candidature après sa condamnation, mais le chemin sera encore plus long et plus difficile pour y arriver. Et ce, dans la mesure où son ancien mentor qu'il a tant servi pendant près de 10 ans, semble définitivement tourner sa page. 

Et ce n'est pas tout, Guillaume Soro doit désormais se contenter de son exil forcé, en attendant peut-être une solution miraculeuse pour lui ouvrir la porte d'une candidature. C'est le peu qu'il puisse espérer aujourd'hui. 

Surtout quand cette condamnation intervient également dans un contexte de crise sanitaire mondiale, où même les puissances sur lesquelles il pouvait compter pour accentuer la pression sur le pouvoir d'Abidjan, sont aujourd'hui plus préoccupées par la lutte contre le coronavirus que par des questions d'intérêts politiques.

Mamadou Moussa Diallo, Infosreelles.com

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