Dégringolade de notre système éducatif: des vérités qui dérangent certains acteurs concernés (Par Mamadou Moussa Diallo) !

L'éducation est à la base de tout développement pour une nation, elle représente un monde où sont formés les intellectuels de tout genre, les cadres de demain auxquels, revient la lourde tâche de prendre la relève. Aucune nation au monde, n'a pu et ne peut voir le bout du tunnel sans une éducation de qualité, fondée sur la promotion de l'excellence.

Celle-ci ne peut s'obtenir que par deux choses: une prise de conscience générale, qui s'exprime par l'engagement de tous les acteurs concernés afin d'atteindre les objectifs visés, mais également et surtout par la mise en place par l'État d'une bonne politique qui, dans son exécution, prendra en compte tous les aspects relatifs à l'amélioration qualitative et quantitative du système.

Où se trouve le problème ? Qui en est responsable ?

Après cette petite introduction, revenons maintenant à l'essentiel, c'est à dire le mauvais état de santé de notre système éducatif. Il faut tout simplement rappeler qu'à ce jour, notre système éducatif est malade de plusieurs pathologies: il est malade par la faute de notre État, un État qui, depuis des décennies, a fait une fuite de responsabilité vis à vis de l'éducation et de la formation de nos enfants, alors qu'ils sont l'espoir de demain ; il est malade par la faute des apprenants qui, à vrai dire, n'ont plus la conscience par rapport à la qualité de leur formation ; il est malade aussi et surtout par la complicité des parents d'élèves qui, à l'heure actuelle, font preuve de démission totale.

Quand l'État fait la promotion de la médiocrité en lieu et place de celle de l'excellence, le résultat ne peut être que ce qu'il est aujourd'hui. Quand les élèves et leurs parents se soucient de la quantité et non de la qualité, le résultat ne peut être que ce qu'il est aujourd'hui. Quand les promoteurs des établissement scolaires privés sont animés par l'esprit du capitalisme exagéré, élevé même à la puissance infinie, le résultat ne peut être que ce qu'il est aujourd'hui. L'équation est vaste, très vaste...!!

C'est juste une manière de rappeler que la responsabilité de ce chaos est partagée entre les acteurs concernés. Ce qui n'empêche pas cependant de formuler des critiques objectives contre certains acteurs du système. En effet, au delà de l'État qui a complètement fui ses responsabilités en instaurant le laissez aller et le laissez faire, n'oublions pas que qu'il y'a deux autres acteurs majeurs, qui ont des lourdes responsabilités dans cette situation.

Il s'agit bien sûr des élèves et des parents d'élèves. La complicité de ces deux acteurs impacte aujourd'hui largement et des façons très très négatives, notre système éducatif. La plupart d'entre eux aiment dire qu'il n'y a pas de sérieux en Guinée, mais en les observant profondément, l'on se rendra bien compte qu'ils n'aiment pas aussi qu'il y ait le sérieux dans ce pays, surtout en ce qui concerne l'éducation des enfants. 

Pour la plupart des parents d'élèves, le manque de sérieux c'est si leurs enfants ne sont admis aux examens nationaux. Dans ce cas, ils sont prêts à dénigrer les écoles, les enseignants et l'État, en disant qu'ils ne sont pas à la hauteur. Mais à vrai dire, rare sont parmi eux qui s'intéressent à la qualité des formations offertes aux enfants. La preuve est simple, certains n'hésitent pas de déplacer leurs enfants d'un établissement à un autre, comme des touristes, dans le simple but de chercher une école où ils seront déclarés admis en fin d'année, et ce, quelle qu'en soit la manière par laquelle ils sont admis.

Pire que ça, d'autres parents sont prêts et n'hésitent également pas à débloquer des fortes sommes d'argent pour corrompre les fondateurs des écoles privées, afin que leurs enfants soient admis. Cette pratique est aujourd'hui tellement récurrente, qu'elle passe comme un secret de polichinelle. L'exemple a été montré à plusieurs reprises pendant les examens, avec ces candidats qui possèdent des téléphones portables dans les centres d'examen.

Cette pratique assez gravissime a été rendue possible par la complicité de certains parents d'élèves avec les promoteurs des écoles privées. Ceci n'est plus un secret dans le système, d'autant plus que chaque année, dans ces établissements scolaires où ces pratiques sont récurrentes, le taux d'admission reste toujours stable à près de 99%. Ce qui est incroyable et inconcevable, au regard du niveau actuel des élèves guinéens.

Mais pour celui qui n'a pas évolué dans le domaine, le comprendra difficilement, d'autant plus que les promoteurs de ces pratiques bizarres font semblant d'être sérieux. Mais le constat est tellement amer, qu'on se rend compte que les guinéens aiment critiquer et dénoncer, mais la majorité ne veut surtout pas qu'il y ait le sérieux à quelque niveau que ce soit. Le problème est que les élèves et les parents voient le sérieux lorsqu'ils sont contents des résultats proclamés.

Toutefois, tous les acteurs conscients, savent que dans un examen sérieux en Guinée, le taux d'admission sera très très faible, ce qui ne justifie pas pour autant la comédie qui est proclamée actuellement par le ministère. La différence est très simple, le taux d'admission de cette année est très faible pour le BEPC par exemple, mais la plupart de ceux qui sont déclarés admis n'ont pas le niveau, et beaucoup parmi ceux qui ont échoué ont le niveau. Voici un peu l'incohérence qui suscite l'indignation par endroit.

Cela donne raison à ceux qui, comme moi, estiment que les résultats des examens nationaux de ces dernières années ne sont que des simples sélections, préparées et entretenues par les structures décentralisées de l'éducation, en complicité avec certains parents d'élèves, par l'intermédiaire de certains promoteurs des établissements scolaires privés. 

l'État a toujours la part de responsabilité la plus importante dans cette situation, mais n'oublions pas aussi que le changement passe par notre prise de conscience à la base. Celle-ci va s'illustrer par notre engagement à faire la promotion de l'excellence, en lieu et place de la promotion de l'incompétence et de la médiocrité, comme on le fait actuellement des façons déguisées.

Mamadou Moussa Diallo

Enseignant et journaliste

+224 620 36 35 35

 

 


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